Dans cet article nous allons découvrir une phrase de Paco de Lucia, dans la buleria « Punta del faro » de son deuxième album solo, « El Duende Flamenco De Paco De Lucia ». On part volontairement de l’écrit par opposition à la transmission orale par mimétisme. Si on suit la démarche proposée ici on peut jouer tout Paco.
Il s’agit d’une phrase que j’ai repérée depuis longtemps, et un jour j’ai réalisé que je l’avais en partition. La voici :

J’ai noté les temps (de 1 à 12). Ça commence sur le temps 12, mais juste avant on vient de la fin de la phrase précédente, sur le temps 10 avec un « riff » très typique de Paco de Lucia :

Tout au pouce avec éventuellement index sur le sol comme indiqué (ça se fait au pouce aussi).
On est donc sur le temps 12, prêts à commencer la phrase.

Les deux grands X c’est des « golpes ». Le premier dans le vide sur le temps 1, le deuxième en même temps que l’index qui descend sur le temps 2. Qui descend ou qui monte ? Les deux : graphiquement la flèche monte, ce qui signifie grave vers l’aigu, et donc pour faire ça l’index doit descendre.
Entre ces deux golpes on a un contre-temps, qui se joue comme presque toujours avec un index qui monte (la flèche qui descend).

Ensuite on joue tous les temps, avec la même position à la main gauche qui se déplace, tout avec index vers le bas. Et on arrive sur le temps 6, à « medio compas ».

C’est très efficace, on sent bien qu’on arrive en suspens, qu’il manque juste un « remate » pour finir en beauté.
Et c’est ce que fait Paco avec ce picado simple mais très percutant

Tout en en majeur-index, en buté (picado), inutile de le préciser. On note qu’on ne finit pas sur le 10, ça déborde d’une note. Avec métronome :
La phrase est terminée, ensuite Paco rebondit sur le 11 avec un golpe, puis c’est reparti pour une phrase avec le début typique sur le 12.

En entier ça nous donne :
En y allant pas à pas, on y arrive en général. Maintenant il ne reste plus qu’à travailler un petit détail : la vitesse ! Écoutons le maestro :
Pas de panique, celui qui joue n’est pas humain, c’est Paco. Mais si on ralentit c’est la même chose :
Et en écoutant ce ralenti, il me semble que la fin du picado tombe sur le 10, et qu’il commence un peu avant le 8. Donc la transcription est fausse. Tout un article pour me rendre compte de ça. Ça valait le coup !